( you play like a succubus )
@Alastair Carter & @Lucinda TraskLorsqu’elle s’était attardée sur l’air de piano joué dans le hall de la gare l’autre jour, jamais elle n’aurait pu deviner l’identité du pianiste improvisé sans l’avoir vu de ses propres yeux. Alastair Carter, le shérif de Bennington, en personne. Certes, elle le connaissait, professionnellement parlant. Nier qu’elle le trouvait séduisant eut été mentir. Mais il avait ce quelque chose d’intouchable, qui faisait qu’elle n’avait jamais cherché à le connaître au-delà de leur métier respectifs. Elle savait qu’il était veuf, depuis quatre ans, et qu’il avait une fille, déjà grande. Qu’il était le cousin de l’adjointe, Daphné. Et que c’était un bon flic. Mais ce jour-là, elle découvrit également que c’était un excellent pianiste, à sa plus grande surprise. Il y avait quelque chose dans sa manière de jouer qui la prenait aux tripes. C’est ce quelque chose qui incita la jeune femme à l’inviter au cabaret, un soir où elle se produisait habituellement. Sans bien entendu l’informer de ce qu’elle-même faisait à ce cabaret, bien évidemment.
Si l’idée lui avait paru bonne sur l’instant, elle en était beaucoup moins certaine le jour J. Après tout, ce n’était pas parce qu’elle avait été séduite par le pianiste qui sommeillait en lui que lui-même apprécierait son numéro de violon électrique. Peut être même qu’il porterait un autre regard – peu reluisant – sur la légiste qu’elle était le jour, remettant en question ses compétences. C’était le risque. Mais désormais, il était trop tard pour faire machine arrière. Aussi, lorsqu’elle le découvrit assis à une table tout en regardant à travers le rideau de la scène, elle sentit son anxiété grimper d’un cran avant de faire son entrée sur scène. De nombreux habitués des lieux étaient également installés en salle, scandant déjà son prénom tandis qu’elle saisissait son violon pour faire son apparition. L’appréhension de savoir s’il allait apprécier son numéro se mêlait au fait qu’il allait la découvrir dans une tenue bien différente de celle qu’il avait l’habitude de la voir porter. Exit la blouse blanche et le tailleur strict, bonjour la mini robe en cuir moulante, sa chevelure incandescente flottant librement sur ses épaules et ses yeux bleus soulignés savamment par un trait de khôl noir. Cependant, c’est avec le sourire aux lèvres et sa fougue habituelle qu’elle fit son entrée sur scène, rapidement galvanisée par le regard appréciateur et le sourire qu’elle surpris sur le visage du shérif. Ensuite, la magie de son violon fit le reste.
Le souffle court et le feu aux joues, une fois sa prestation terminée et ovationnée, Lucy se hâta de déposer son instrument dans la loge, et de se rendre à la salle, espérant qu’Alastair serait toujours à sa table. Pour une raison qui lui échappait, elle redoutait qu’il ne s’éclipse une fois son numéro achevé. Mais il était toujours à la même place. Alors, elle rejoignit sa table, le cœur battant. «
Le spectacle vous a plu ? » demanda-t-elle en arrivant à son niveau. «
Je n’étais pas certaine que vous viendriez. » Soudain, vêtue de cette robe qui dévoilait plus qu’elle ne dissimulait sa peau laiteuse, Lucinda se sentait très vulnérable face au regard de l’homme qui lui faisait face.