Double trouble, twice the fun - Izia

 @Izia Turner
Dix huit heure. La journée avait été rude pour Hwan, qui avait eu quelques ennuis avec un revendeur de drogue que son boss du moment lui avait demandé de rencontrer pour lui.


L'affaire était déjà conclue, il n'était destiné qu'à être le transporteur. Il s'agissait d'un boulot dangereux, car il risquait gros en prenant le risque d'être attrapé avec autant de marchandises, mais c'était "une petite balade de santé très bien rémunérée"... enfin, ça, c'était la théorie.

Comme souvent lorsqu'il s'était retrouvé en face du négociant et de ses sbires, les choses s'étaient corsées. Le prix de la cargaison ayant soudainement triplé, le ton était monté entre les deux partis.

Le jeune homme aurait pu se contenter de rebrousser chemin sans discuter davantage et de renoncer à sa paie mais personne ne se faisait vraiment confiance dans le milieu du crime. Si son employeur pensait qu'il l'avait roulé en détournant autant de produits, il aurait des ennuis bien plus importants qu'en insistant auprès de l'inconnu et de sa bande...

Un accord avait fini par être trouvé. Le vendeur "aimait comment il encaissait". S'il s’acquittait d'abord pour lui d'une "petite mission annexe", il consentirait finalement à honorer sa part du marché, en en respectant les termes.

L'asiatique avait du se mordre la langue avec force pour éviter de lui sauter au visage au moment où il s'était mis en route, légèrement claudiquant, sous ses yeux moqueurs.

Avec ses capacités lupines, il pourrait étriper dix humains sans difficulté majeure mais voilà qu'une fois de plus, il se retrouvait à feindre une vulnérabilité qu'il avait en horreur, tout cela pour sauver un marché qu'il ne tenait guère en plus haute estime, pour le compte d'un enfoiré qui le poignarderait dans le dos à la première occasion.

Chienne de vie...

***

Quelques heures et de nombreux hématomes plus tard, il était revenu victorieux chercher le butin et l'avait amené à bon port. Par chance, son boss était trop euphorique pour penser à l'arnaquer, aussi avait-il reçu la récompense promise.

Les trois quarts de la coquette somme qu'il avait soigneusement cachée dans sa veste iraient à sa "soeur" et à sa mère mais avant de déposer l'enveloppe dans leur boîte aux lettres, il avait besoin de faire une petite pause.

Plein de courbatures, affamé et fourbu, il avait acheté une énorme pizza et s'était installé dans un coin tranquille de la zone industrielle de west end pour se restaurer. Il avait rarement la chance de manger à sa faim ces derniers mois, comme en témoignaient ses joues légèrement creusées et son corps quelque peu décharné, aussi espérait-il pouvoir profiter de ce festin sans être dérangé.

Il venait d'engloutir voracement sa troisième part lorsque cet espoir était parti en fumée. A l'odeur délicieuse du fromage et du pepperoni était venue se mêler celle d'un autre loup...

* Sérieusement???*

Tous ses sens en alerte, il s'était remis sur ses pieds pour lui faire face. Il s'agissait en fait d'une louve, mais il savait qu'il serait une erreur de la sous estimer simplement en se basant sur son sexe.

Sa moitié sauvage était partagée entre excitation et appréhension. Il n'était pas naturel pour un canidé de vivre seul aussi, une part de lui aspirait désespérément à la compagnie de semblables. Toutefois, la réalité le rattrapait inlassablement. Lorsqu'on l'abordait, ce n'était jamais pour lui proposer de jouer à la balle ou de lui gratter derrière les oreilles...

Hwan n'avait pas pris la peine de demander à la nouvelle venue de décliner son identité, ni de s'enquérir de ses intentions à son égard. Si elle était ce qu'il pensait qu'elle était, elle ne tarderait probablement pas à se ruer dans sa direction et se tenir prêt à réagir était plus important que de se lancer dans un échange aussi futile que vain...

( Pando )

@Izia Turner & @Kim Dae-Hwan


Quand elle n'est pas en chasse, Izia travaille, à la sueur de son front, au Donovan's, mais ça lui plaît, comme job. Ça lui permet certes de souffler un peu - même si elle n'a de cesse de recevoir des remarques sur ses nombreux hématomes et autres blessures - mais ça lui permet aussi de recevoir les rumeurs qui circulent sur les disparitions. Bien sûr, elle sait qui est derrière tout ça, ou tout du moins, elle a quelques responsables dans le viseur, mais pour le bien de Bennington, il vaut mieux que cela ne se sache pas, ce serait beaucoup trop dangereux pour les habitants humains de la ville.

Après une rude journée à servir moult verres de boissons diverses et variées, Izia est enfin libérée, laissant la place à l'équipe du soir ; parfait, songe-t-elle en enfilant sa veste, ce sera l'occasion d'aller se promener un peu avant de rentrer. Rien de bien neuf lui était parvenu durant son service, mais cela ne veut pas dire qu'il ne se passe rien, bien au contraire, aussi reste-t-elle attentive à son environnement pendant que ses pas la mènent un peu au hasard, du côté de West End. Elle n'a pas nécessairement l'habitude de se rendre dans cette partie-là de la ville, mais elle continue d'avancer malgré tout, ses sens en alerte malgré son air tranquille. La force de l'habitude, sûrement...

Et puis, d'un coup, elle s'arrête. L'odeur d'un loup vient lui titiller les sens, et il ne lui faut pas longtemps pour le repérer. Il a l'air jeune, affamé, pas spécialement en bon état, mais Izia sait qu'il ne faut jamais se fier aux apparences. C'est donc avec méfiance qu'elle s'approche, et au fur et à mesure qu'elle comble la distance, ses membres se raidissent, car elle reconnaît l'odeur acide des déviants. Ainsi, ils osent se promener, l'air de rien, en pleine ville, probablement pour faire du repérage pour la prochaine victime qu'ils feront disparaître...

La Bloodrunner est seule, certes, mais pas sans ressources. Elle avance donc sans se démonter, fusillant le déviant du regard, avant de lui siffler une fois à sa hauteur :

Tu ne manques pas de souffle pour oser te pointer en ville...

Il n'y a certes pas beaucoup de témoins, mais ça suffit pour qu'Izia refuse de faire un esclandre en public, aussi l'attrape-t-elle par le col sans ménagement et le pousse jusqu'à une ruelle, à l'écart de tout regard indiscret. Elle est en mode Bloodrunner, pas de quartier pour ce déviant qui rejoindra son tableau de chasse.

( Pando )

 @Izia Turner
Un grondement étouffé s’était échappé d’entre les lèvres de Hwan quand la bloodunner l’avait saisi par le col pour l’entrainer à sa suite dans une ruelle isolée.

S’il n’avait pas craint de ne plus pouvoir naviguer « librement » en ville s’il venait à révéler sa nature lupine, jamais il ne l’aurait laissé le traiter de la sorte mais puisqu’il y avait des témoins, il s’était contraint à faire profil bas.

Une fois à l’abri des regards, il avait refermé une main ferme sur son avant-bras et il l’avait repoussée avec force. Son œil valide avait viré à l’ambré mais il était encore en pleine possession de ses moyens. Ceci était juste une mise en garde.

- Touche-moi encore et je t’arrache le bras.

Son interlocutrice l’accusait de ne pas manquer de culot, mais il pourrait lui retourner le reproche. Après son évasion de la meute de Silvercrest, il s’était résolu à renoncer à sa vie humaine pour demeurer dans la forêt sous sa forme animale, loin de toute civilisation.

Si les semblables de la blonde n’étaient pas venus l’en déloger en lui donnant la chasse, il ne serait peut-être jamais revenu en ville et il n’aurait peut-être jamais commis de meurtres.

Bref. Les sangs mêlés l’avaient toujours agressé en premier et, croyant protéger l’humanité en se faisant, ils n’avaient en réalité fait que l’exposer à un pouvoir non maîtrisé qu’il s’était vu infliger contre sa volonté…

- Je devine toutes les conneries que tu es en train d’imaginer en ce moment mais tu peux dormir sur tes deux oreilles. Je n’ai l’intention de manger que ma pizza, rien d’autre.

Son discours était mi pacificateur, mi provocateur mais il disait la vérité. S’ils ne lui cherchaient pas de noises en premier, il ne s’en prenait pas aux humains, ni à personne d’autre d’ailleurs.

- Sur ce… tu m’excuseras mais c’est en train de refroidir.

Sans lui tourner complétement le dos – car il n’était pas suicidaire – il avait fait mine de s’en retourner à son repas.

Si l’inconnue portait de nouveau la main sur lui, il cesserait de feindre la courtoisie mais, pour l’heure, déjà molesté à de nombreuses reprises au cours de la journée, il avait toujours un infime espoir d’éviter un affrontement.

En tant que loup solitaire sans moyens financiers, il se devait de se ménager…

( Pando )

@Izia Turner & @Kim Dae-Hwan


La menace qu'il lui fait après l'avoir repoussée n'effraie nullement la jeune femme, qui reste parfaitement droite sans se démonter. Il ne manque pas de souffle, ce déviant, à lui répondre de la sorte, mais d'un autre côté, elle devine qu'il n'a pas spécialement de mauvaises intentions, pour une fois. Elle avise la part de pizza qu'il lui désigne, avant qu'il ne lui tourne légèrement le dos - pas folle, la guêpe, il n'est pas spécialement suicidaire au point de s'offrir complètement sur un plateau - et qu'elle reste quelque peu pantoise. D'habitude, les déviants rentrent direct dans la conversation, mais lui... C'est différent. Il sent le déviant, mais il n'en pas forcément les codes, ce qui perturbe un tantinet la demoiselle sans qu'elle le montre, par fierté probablement.

Fronçant les sourcils, elle pose son regard clair sur le déviant, essayant ainsi de deviner réellement ses intentions. Il est marqué, comme s'il avait été roué de coups un peu plus tôt dans la journée, et, surtout, il semble réellement affamé, à en juger le sort qu'il fait à sa pizza. Hé bien, s'ils sont tous traités de la sorte, ce n'est guère étonnant qu'ils s'en prennent aux humains après...

Elle croise donc les bras sur sa poitrine, le regard sévère, et reprend d'un ton abrupt :

Tu es bien le premier déviant que je vois qui ne cherche pas à montrer qu'il est le plus fort... Ça change. Mais c'est suspect.

Et puis, d'un coup, son corps se tend lorsqu'elle capte dans son angle mort du mouvement qui l'amène à tourner légèrement la tête en direction de la sortie de la ruelle : une bande de loubards mal embouchés leur bloque le passage, et vu leurs gueules, ils ne sont pas là pour rire, ou alors aux dépends d'Izia et du déviant. Donnant un léger coup de coude à ce dernier, elle se tourne vers eux pour leur faire face, prête à en découdre, avant de lancer :

Oui, messieurs ? On peut vous aider ?

Quelque chose lui dit que ça ne va pas rester une ambiance bon enfant très longtemps, aussi se tient-elle prête à courir. Pour le coup, elle n'est pas sûre de pouvoir faire clairement le poids face à eux, même si elle s'est déjà battue une paire de fois contre pas mal d'adversaires à la fois ; c'est Malia qui risque de râler si elle revient encore en piteux état, autant essayer de faire attention, cette fois.

( Pando )

 @Izia Turner
Contre toute attente, la bloodrunner ne l’avait pas empêché de retourner à sa pizza. Aurait-il pour une fois affaire à un individu doté d’un cerveau ? Le fait qu’elle soit seule devait l’aider à prendre du recul. En groupe, il était fréquent de se laisser emporter par le mouvement dominant, peu importe ses convictions propres.

Hwan ne l’attaquerait pas tant qu’elle en ferait de même. Il s’était assez battu au cours de la journée et il n’avait à présent qu’une seule envie : remplir son estomac et rejoindre son matelas de fortune pour soulager son corps meurtri et se reposer. Ne disposant pas d’un endroit sûr et privé où s’étendre, il ne dormait toujours que d’un seul oeil, mais il fallait croire que son organisme avait fini par s’en accommoder

Enfin, presque, car il avait remarqué que ses blessures guérissaient moins vite ces derniers temps à cause de ses conditions de vie difficiles, à son grand dam…

Tant qu’il serait un solitaire et un paria, il ne pourrait malheureusement rien espérer de mieux. Prendre un appartement et y demeurer en permanence en ferait une cible bien trop facile pour ses poursuivants. Et puis, s’il mettait ses maigres gains dans un logement, il n’aurait plus les moyens d’aider sa famille de coeur à se maintenir à flots, ce qui était tout bonnement inenvisageable pour lui.

Il était responsable de sa situation précaire et, à défaut d’être capable de remonter le temps pour arranger les choses, il expierait sa faute aussi longtemps que nécessaire, en se privant lui-même.

Silencieux, il engloutissait deux parts de pizza supplémentaires, profitant d’une accalmie qui ne durerait peut-être pas, lorsque son interlocutrice avait croisé les bras sur sa poitrine pour s’étonner de son comportement.

Dommage qu’elle semble aussi butée, car elle était plutôt mignonne, à bien y regarder.

Imitant sa posture, l’asiatique avait refait quelques pas dans sa direction.

- Peut-être que tu devrais changer d’approche ? Regarder les gens de haut et les chopper par le colback, ce n’est pas le moyen le plus efficace pour s’attirer de la sympathie…

Il n’avait pas eu le temps d’aller plus loin dans sa réflexion car une odeur familière lui avait brusquement fait tourner la tête.

*Merde…*

Sa mission de l’après-midi n’était peut-être pas un total succès, après tout…

Un rire goguenard avait accueilli la question de la blonde.

Loubard : T’inquiètes ma puce, ça viendra.

Il l’avait détaillée de haut en bas, sans aucune élégance, avant de tourner son attention vers Hwan.

Loubard : Tu pensais vraiment pouvoir t’en tirer à si bon compte ?

Ignorant toute notion d’espace personnel, il avait rapproché son visage du sien jusqu’à ce qu’ils s’effleurent presque, avant de reprendre :

Loubard : J’avais l’intention de t’arracher l’oeil qu’il te reste pour le donner à bouffer à mes chiens mais je pense que ça va attendre un peu…

Son front était venu heurter celui du jeune homme avec force, abîmant son arcade sourcilière au passage, mais ce dernier n’avait laissé échapper qu'une plainte étouffée. Dents serrées, il avait arrêté la main qui s’apprêtait à se saisir de sa nuque pour le mettre à genoux grâce à sa force surhumaine mais il avait momentanément relâché la pression en sentant un objet froid, dur et pointu venir se poser sur le côté de son abdomen.

Une arme blanche, sans aucun doute.

Loubard : On va s’occuper de ta copine d’abord, puis on discutera de ce qu’il s’est passé tout à l’heure…

Le loup s’agitait à l’intérieur de lui. Il voulait refermer sa gueule sur la gorge de leur agresseur, puis déchiqueter chacun de ses sbires pour leur faire comprendre à tous qui était le véritable prédateur.

Tendu, tremblant légèrement sous l’effet de cette pression lupine, Hwan avait jeté un regard à la louve. Comment allait-elle réagir par la suite ? Serait-elle une alliée temporaire ou une menace supplémentaire à gérer ?

( Pando )

@Izia Turner & @Kim Dae-Hwan


Si l'ambiance n'était pas aussi tendue, Izia rirait volontiers de la réplique qu'il lui fait. Elle ne cherche pas la sympathie des déviants, loin de là, les considérant tous comme des meurtriers en puissance qu'il faut éradiquer ; lui, par contre, sort du lot, sans qu'elle parvienne à s'expliquer pourquoi. Peut-être qu'il a raison, dans le fond, mais elle refusera de l'admettre, du moins pour le moment.

En effet, elle a d'autres préoccupations à gérer, notamment une bande de loubards qui semblent déterminés à s'en prendre au jeune homme, l'un d'entre eux - le chef, probablement - l'envoyant au tapis d'un coup de front bien placé dans l'arcade sourcilière, avant de le menacer d'une arme blanche dans le flanc. Les dernières paroles du loubard inquiètent un peu la Bloodrunner, mais ce qui l'inquiète encore plus, c'est de sentir que le déviant est à deux doigts de laisser parler sa partie lupine, et il est tout simplement hors de question qu'il y ait des témoins humains de la présence de lycans parmi eux. Parce qu'elle sait très bien comment ça va se finir : en guerre civile. Bon, peut-être pas jusque-là, mais en bagarre générale, ça, oui, il n'y a aucun doute à ce sujet.

Respirant profondément, elle reste muette quelques instants, le temps de réfléchir à une improvisation pour sortir de là, si possible avec l'autre en un seul morceau. Effectivement, c'est une tueuse, mais elle a un minimum de considération pour ceux qui, pour une fois, ne font rien de répréhensible à part manger une pizza dans la rue sur un territoire qui n'est pas le leur, ni même le sien. Il va falloir faire diversion, en attendant de pouvoir filer à l'anglaise, alors qu'elle croise le regard du déviant et lui fait un signe de tête, signe qu'elle ne va rien lui faire pour le moment.

La subtilité n'est pas spécialement le fort d'Izia, mais pour le coup, elle n'a pas le choix. Poussant un soupir, elle finit par reprendre d'un ton las :

Sérieusement ? Mark avait raison au sujet des bandes de loubards qui se promènent dans le coin...

Qu'est-ce que tu veux dire par là ?, grogne l'un d'eux en se tournant vers elle d'un air menaçant.

Que vous vous en prenez à des gens au pif, juste parce qu'ils sont sur votre territoire, sans même vous demander s'ils sont de passage, répond-elle sans se démonter. Mais bon, puisque vous êtes bas de plafond, je vais utiliser des mots simples afin que vous compreniez le message.

Tout en parlant, elle s'approche du chef, qui tient le déviant à sa merci, et, sans prévenir, lui colle une balayette dans le genou, lui arrachant un cri de douleur ; mettant la confusion à profit, elle attrape le déviant, cette fois par le bras, et l'entraîne à sa suite hors de la ruelle sans lui laisser le temps de réfléchir davantage à la question, lui criant sans cesser de courir :

Bouge-toi !

Et la course-poursuite commence. Izia est rapide, mais les loubards sont bien déterminés à leur faire leur fête, à en juger les armes qu'ils commencent à sortir tout en leur beuglant après, et son camarade d'infortune n'est pas nécessairement en bonne forme, aussi se met-elle à chercher un abri, certes temporaire, mais qui sera suffisant pour qu'ils puissent disparaître tous les deux du regard de leurs poursuivants. Et, pour l'instant, force est de constater qu'ils sont condamnés à courir pour un moment... Et merde.

( Pando )

@Izia Turner


Hwan avait laissé échapper un discret soupir de soulagement en comprenant que la bloodrunner ne comptait pas s’allier à ses ennemis humains. La situation demeurait préoccupante, mais c’était un sérieux problème en moins.

La pression de la lame s’était faite plus appuyée contre sa chair lorsque la louve avait pris la parole pour s’adresser au chef des loubards mais il n’avait pas cillé. Il n’avait aucune envie de sentir l’acier entre ses entrailles mais elle n’était pas assez imposante pour que la blessure qu’elle causerait le tue si son agresseur allait au bout de son idée, son inquiétude était donc mesurée.

La diversion grossière de la blonde avait fonctionné puisque quelques instants plus tard, elle parvenait à envoyer son pied dans le genou du leader de la bande. Le geste brusque qu’il avait eu sous le coup de la surprise avait légèrement blessé l'asiatique mais cela ne l’avait pas empêché de suivre sa partenaire inattendue au grand galop dès qu’il en avait eu la possibilité.

Courir était pénible à cause de ses courbatures et contusions diverses mais il n’avait pas le choix s’il souhaitait survivre.

Très contrariés par la tournure que prenaient les événements, les loubards les poursuivaient avec hargne, battes de baseball, poings américains et couteaux entre les mains.

Se diriger vers le centre ville pourrait être une solution efficace pour les pousser à abandonner, car les forces de l’ordre finiraient immanquablement par les repérer, mais cela mettrait de nombreux civils en danger potentiel, ce que la louve voudrait certainement éviter à tout prix. Bien que convaincu par l’égoïsme de la plupart des humains, l’asiatique n’avait pas non plus très envie de voir des enfants risquer d’être blessés par sa faute.

Il réfléchissait activement à un plan de secours lorsque deux voitures étaient venues leur barrer le passage et que des armes à feu avaient été pointés dans leur direction.

- Là !

Sans se demander si elle apprécierait son initiative ou non, il avait poussé la jeune femme derrière un conteneur métallique juste avant qu’une salve de balles soit tirée.

- On ne s’en tirera pas comme ça… suis moi, j’ai une idée… j’espère que t’as pas le vertige…

Souple, il s’était accroché à l’échelle d’un escalier de secours pour s’y hisser et prendre de la hauteur. Il s’était momentanément exposé aux tirs en se faisant mais, par chance, leurs adversaires ne semblaient pas être des as de la visée.

La course allait maintenant se poursuivre sur les toits de la ville, ce qui risquait de désavantager fortement les loubards, qui ne seraient au moins plus en mesure d’utiliser leurs véhicules.

Fort d’années de pratique du parkour, Hwan naviguait aisément de plateforme en plateforme, jetant de temps en temps un oeil à la blonde pour voir si elle suivait le rythme.

Il ne savait même pas pourquoi il se souciait d’elle, car elle chercherait sans doute également à le tuer dès qu’ils seraient tirés d’affaire. En réalité, le comportement le plus intelligent serait sans doute de chercher à la fuir, elle aussi, voir à laisser leurs poursuivants lui mettre la main dessus à sa place.

Au bout d’une dizaine de minutes d’efforts soutenus, haletant, il s’était retrouvé au bout de la barre d’immeubles sur lesquels ils progressaient. La prochaine était à portée de saut, mais à peine… toute erreur de calcul, même minime, serait fatale.

- C’est ça, ou prendre le risque de redescendre dans la grande rue…

Que choisirait l’inconnue ? Serait-elle seulement capable d’atteindre le bord de la corniche voisine ?

Lui était presque certain d’y parvenir… presque, car il n’avait pas pris de risque pareil depuis qu’il avait perdu son oeil et que, depuis, sa perception de la profondeur était biaisée…

Il était en revanche certain de ne pas pouvoir courir beaucoup plus longtemps à cause de son état de faiblesse généralisé et de ne pas avoir un corps à l’épreuve des balles. Le choix était donc fait…

Les loubards n’étaient plus qu’à quelques dizaines de mètres. Bientôt, ils seraient à portée de tir.

Hwan avait pris son élan et, une poignée de secondes plus tard, il s’était jeté en avant. Malgré des années d'entraînement, gêné par son handicap, il était passé à quelques centimètres seulement du drame. En effet, seul le bout de ses doigts était parvenu à se raccrocher au béton et, ses abdos n’étant plus aussi toniques qu’ils l’avaient été, il avait eu du mal à se hisser en sécurité, restant suspendu dans le vide pendant de longues secondes avant de reprendre le contrôle de la situation…

( Pando )

@Izia Turner & @Kim Dae-Hwan


Les années d'entraînement et de pratique d'Izia lui permettent de tenir la course, suivie tant bien que mal par le déviant malgré son état pas au maximum de sa forme, dirons-nous. Les loubards les suivent, armés jusqu'aux dents, et ils ne semblent pas vouloir lâcher l'affaire, mais tant pis, songe Izia sans cesser sa course ; ce n'est pas aujourd'hui qu'elle se laissera attraper par des abrutis.

Cependant, deux voitures finissent par leur barrer le passage et des armes à feu sont braquées dans leur direction, mais Izia n'a pas le temps de réfléchir que son camarade d'infortune l'entraîne derrière un conteneur métallique avant de lui indiquer une porte de sortie par l'échelle de secours au-dessus d'eux. La Bloodrunner hésite quelques secondes, puis s'engage à sa suite, esquivant de justesse les balles qui fusent autour d'eux, ce qui la fait grommeler :

Pire que des Stormtroopers, j'te jure...

Mais elle continue d'avancer, suivant le déviant qui évolue avec aisance, utilisant le parkour pour avancer, ce qui intrigue la demoiselle sans pour autant qu'elle s'arrête pour poser la question. Pendant une dizaine de minutes, ils courent sur les toits, suivis de loin par les loubards, avant qu'ils finissent par atteindre le bout de la barre d'immeuble. La prochaine est à portée de saut, largement jouable pour la demoiselle, qui tourne la tête vers le déviant lorsqu'il la lui présente comme la seule alternative, à moins de retourner dans la grande rue, avant de lui répondre :

Pas moyen que je redescende. On saute, tant pis.

Elle le laisse donc passer devant, reculant légèrement pour pouvoir prendre de l'élan, et fronce les sourcils en constatant qu'il est à deux doigts de tomber, se rattrapant de justesse au bord avant de pouvoir se redresser. OK, il est vraiment en mauvais état... Mais la Bloodrunner finit par entendre les loubards les rejoindre, d'ici quelques instants, elle sera à portée de tir si elle ne se bouge pas, et il ne lui faut pas davantage pour se mettre en branle, comblant rapidement l'écart pour sauter à son tour, se réceptionnant un peu plus loin que le bord. Un coup d’œil au déviant, vraiment mal en point, puis elle lui lance après une légère hésitation, lui tendant la main :

J'espère que t'es en état de continuer, on est pas sortis d'affaire... Merci, au fait.

Elle détourne la tête, pour ne pas montrer son trouble, et en profite pour dresser l'oreille avant de reprendre l'air de rien :

Allez, on continue, ils ne sont plus très loin.

( Pando )

 @Izia Turner


La bloodrunner était devenue fort avenante depuis le début de leur fuite, allant jusqu’à lui tendre la main pour l’aider à la rejoindre sur le toit. Cela était bien plus agréable que son entrée en matière mais Hwan ne se faisait aucune illusion. Dès qu’ils se retrouveraient de nouveau seuls, il redeviendra un monstre et une cible à ses yeux.

Pour éviter que s’établisse toute forme d’attachement qui risquerait de les mettre tous les deux dans l’embarras par la suite, il avait préféré se débrouiller seul, mais il avait tout de même eu la décence de la remercier pour son geste et pour sa sollicitude temporaire.

- T’inquiètes pas pour moi, j’ai connu pire. Passe devant, je surveille tes arrières.

Ses poumons brûlaient comme s’ils avaient été envahis par une fumée brûlante mais s’ils voulaient semer définitivement leurs poursuivants, ils n’avaient effectivement pas le choix, il fallait continuer.

Les loubards avaient de grandes bouches mais, une bonne partie d’entre eux étant adeptes de fast food, ils n’étaient pas particulièrement endurants. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils abandonnent.

Après une dizaine de minutes de course supplémentaire, les loups avaient fini par pénétrer dans une zone en travaux. Et alors qu’ils progressaient à vive allure, évitant souplement les obstacles qui s’étalaient devant eux, l’asiatique avait senti le sol se dérober subitement sous ses pieds.

Une verrière, maladroitement recouverte par une grande bâche qui semblait pourtant robuste, venait de se briser sous leurs poids.

La chute avait été rude. Étalé sur le dos, Hwan avait légèrement tourné la tête pour retrouver sa partenaire du jour et lui avait intimé de garder le silence en plaçant son doigt devant ses lèvres.

S’ils restaient immobiles, leurs poursuivants passeraient très probablement leur chemin sans deviner qu’ils étaient au fond d’un gouffre auquel ils n’avaient de toutes façons aucun accès sécurisé…

Le stratagème avait semblé fonctionner puisque les voix des voyous avaient fini par s’éloigner. Une fois certain qu’ils n’étaient plus en mesure de les repérer, le jeune homme s’était laborieusement assis pour regarder autour de lui.

Au vu du toit qui se trouvait au-dessus de sa tête, ils semblaient se trouver à l’intérieur d’un imposant bâtiment abandonné mais au lieu de carrelage ou de parquet, c’était de la terre qui se trouvait pourtant sous lui.

Un trou énorme avait été creusé dans le sol, et c’était là qu’ils avaient atterri par accident.

Au bout de quelques minutes, le coréen avait fait fi de la douleur pour se remettre sur ses pieds et aller poser sa main sur l’une des parois de leur prison. Une grimace s’était alors affichée sur son visage.

- Ça va être compliqué de remonter… à moins que tu aies un bat-grappin dans ton attirail ?

Humide, sans aucune prise à laquelle se raccrocher, la surface était glissante et s’avérerait particulièrement difficile à escalader…

( Pando )

@Izia Turner & @Kim Dae-Hwan


Les deux continuent donc leur course, malgré la fatigue du déviant, et au bout d'une dizaine de minutes, ils finissent par atteindre une zone en travaux ; à peine Izia a-t-elle posé le pied sur une bâche qu'elle sent le sol se dérober sous ses pieds et ne peut retenir un léger cri de surprise lorsqu'elle tombe avec le déviant, quelques mètres en dessous.

Allongée sur le dos, grimaçant de douleur, Izia reste immobile lorsqu'elle croise le regard du déviant, un doigt sur ses lèvres, et elle hoche la tête pour signifier qu'elle a compris avant de tendre l'oreille. A l'extérieur, les voyous semblent continuer leur chemin, sans chercher à creuser dans le bâtiment - sans mauvais jeu de mots - et la jeune femme se redresse tant bien que mal, grommelant entre ses dents :

Merde... J'en connais une qui va râler quand je vais rentrer...

Une petite pensée pour Malia, qui n'a de cesse de la rafistoler à chacune de ses runs, pendant qu'elle se rassoit et observe son environnement. Ils sont tombés dans un trou, au sein d'un bâtiment abandonné, et comme le souligne son camarade d'infortune, ça va être compliqué de remonter. Elle secoue la tête négativement :

Nan, pas de bat-grappin.

Se redressant tant bien que mal, elle parvient à garder son calme malgré la douleur sourde dans son dos, et elle regarde autour d'elle. Pour escalader, c'est effectivement compliqué, mais pas impossible. Posant sa main sur la paroi du trou, elle grimace en sentant qu'il n'y a pas beaucoup de prise, avant de l'observer avec attention :

Hum... Ça ne sera pas facile, mais pas impossible.

Vive l'entraînement des Bloodrunners... Réfléchissant, elle finit par marmonner :

Tout trou a des bords plus plats... Il y a peut-être du matos plus haut...

Elle finit par se tourner vers le déviant et lui lance en lui tendant la main :

Je te propose un truc. J'essaie de monter, et une fois là-haut, je regarde si je peux t'envoyer un câble ou quelque chose, et je t'aide à remonter. Deal ?

Avec un léger sourire en coin, elle rajoute :

De toute façon, t'as pas trop le choix de me faire confiance... Même si je me méfie toujours, t'es pas un déviant comme les autres, et j'aimerais comprendre pourquoi. Alors à moins que tu aies une autre idée, on peut faire la mienne.

( Pando )

@Izia Turner


Un sourire sans joie s’était brièvement dessiné sur les lèvres de Hwan au moment où son alliée s’était plainte que quelqu’un râlerait en la voyant rentrer en si mauvais état. Il avait toujours feint de détester être materné mais en vérité, cela lui manquait, souvent, car cela voudrait dire que quelqu’un tenait suffisamment à sa personne pour s’inquiéter pour lui.

Ne voulant pas tomber dans le pathos, il n’avait pas relevé. Il aurait pu ironiser au sujet de sa tête de déterrée mais faire l’inventaire de ses propres blessures lui avait laissé penser qu’il n’était pas en état de fanfaronner.

Au vu du mal de chien que lui faisait sa cage thoracique lorsqu’il respirait, il avait probablement une ou deux côtes cassées. Un hématome massif commençait déjà à se dessiner dans son dos et, bien que le sang ait eu le temps de coaguler, les stigmates du coup qu’il avait reçu au niveau de son arcade sourcilière étaient encore bien visibles sur son visage.

Le monstre de Frankenstein l’aurait sans doute appelé cousin, s’ils avaient été amenés à se croiser…

La blonde avait à son tour examiné les parois du gouffre au fond duquel ils étaient prisonniers avant de lui faire une proposition qui ne l’avait qu’à demi séduite. L’aider à monter d’abord et attendre qu’elle lui envoie une corde…

Le risque qu’elle disparaisse ou appelle du renfort une fois mise à l’abri était important, mais comme elle le disait, avaient-ils vraiment le choix ?

Parlementer ne les conduirait qu’à demeurer bloqués plus longtemps et risquait de permettre aux loubards de retrouver leur trace. S’ils y parvenaient, ils n’auraient absolument aucun moyen de se protéger de leurs balles et s’en serait fini d’eux.

Conscient de cette triste réalité, le déviant avait fini par accepter d’attraper la main qui était tendue dans sa direction, non sans formuler une requête avant de mettre le plan à exécution :

- Promets moi juste que tu me laisseras pas me dessécher dans ce trou comme un rat, si tu décides finalement de te faire la malle… je suis pas un grand fan des fins lentes et douloureuses.

Achever sa cible était la moindre des politesses et puisqu’il l’aurait aidée à plusieurs reprises, il estimait qu’il méritait au moins cette marque de respect, dans l'éventualité ou elle venait à se montrer malhonnête.

- Il y a une pierre qui semble profondément enterrée, là, tu peux sûrement prendre appui dessus…

Quelques instants plus tard, il aidait la jeune femme à se hisser sur ses épaules. Il ne mangeait pas à sa faim mais il y était parvenu sans difficultés, bien aidé par sa nature de loup. Lever les bras pour l’aider à se stabiliser, en revanche, était un véritable supplice à cause de ses fractures.

La louve était relativement légère, merci au diktat de la minceur et, pourtant, ses pieds s’étaient enfoncés dans la terre au moment où leurs poids s’étaient additionnés.

- Bon… je peux plus bouger… je pense qu’il va falloir que tu sautes un peu pour atteindre la barre de fer au-dessus de toi… tu as besoin que je te donne un peu d’élan ?

L’impact avec son épaule ne serait probablement pas des plus agréables mais après tout ce qu’il avait déjà encaissé au cours de la journée, ce n’était qu’un détail…

( Pando )

@Izia Turner & @Kim Dae-Hwan


Le déviant hésite, puis finit par serrer la main en imposant une condition à Izia, qui acquiesce sans broncher. D'ordinaire, éliminer des déviants, sans aller jusqu'à dire que c'est son quotidien, ne la dérange pas, bien au contraire ; lui, c'est différent. Il lui demande de l'achever si elle doit retourner sa veste, et en tant que Bloodrunner et femme d'honneur, elle ne peut décemment le lui refuser. Et elle ne sait pas pourquoi, et ça l'énerverait presque, s'il n'y avait pas une situation d'urgence dont il faut s'extraire.

Avisant la pierre qu'il lui désigne, Izia observe, hésite, mesure, puis se retrouve sur ses épaules. Elle est plutôt légère - du moins, elle espère - mais elle a bien conscience qu'il l'aide de son mieux, malgré son état général pas ouf. Une fois assurée sur ses appuis, elle avise la barre de fer qu'il lui désigne avant de répondre :

Ça devrait le faire. Navrée d'avance pour tes épaules et tes bras.

Elle prend une grande inspiration, vise la barre, et prend une impulsion qui l'entraîne vers la barre, l'attrapant d'une poigne ferme avant de profiter de l'élan pour remonter sur le rebord, le tout en l'espace de quelques instants. Une fois sur le rebord, elle prend le temps de se stabiliser avant de lui lancer :

Je fais au plus vite, promis !

Puis elle s'éloigne, se mettant en tête de trouver un câble pour aider le déviant à remonter. Elle avance tant bien que mal, tant il y a de bazar dans ce bâtiment, mais elle finit par trouver une porte ; bien, ils vont pouvoir sortir, c'est plutôt une bonne nouvelle... Quand elle pousse la porte, pour s'assurer qu'elle va bien à l'extérieur, quelle n'est sa surprise de tomber sur un des loubards, qui se dépêche de hurler :

ELLE EST LA !

Et merde. Bon, tant pis, elle va devoir les éloigner... Levant les yeux au ciel, elle se dépêche de lui envoyer ses genoux dans les parties, lui arrachant un cri de douleur, avant de l'assommer et de se mettre à courir dans l'autre direction pour éloigner les loubards. Ils sont peut-être portés sur le fast-food et la bière, mais cette fois, ils tiennent, et Izia est obligée de les semer dans une ruelle le plus loin possible, avant de se faufiler pour les planter là. Elle est essoufflée, elle a mal, elle en a plein le dos, mais elle voit le bout du tunnel. Enfin, c'est pas dommage.

Elle finit par revenir au bâtiment, retourne à l'intérieur et se met en tête de chercher un câble, sans penser à prévenir le déviant de son retour. Elle rompt le silence lorsque, repérant des câbles assez longs, elle s'exclame :

Bingo !

Elle les attrape, puis revient près du bord, montrant sa tête blonde pour se signaler avant de lancer :

Attention, j'envoie !

Elle attrape les câbles et en choisit un, qu'elle attache comme elle peut avant de le faire glisser dans le trou pour que le déviant puisse remonter. Impossible de savoir si c'est la pression qui retombe, mais elle ne peut masquer un léger soulagement en pensant que, d'ici quelques instants, ils vont pouvoir se sortir de ce bourbier...

( Pando )

@Izia Turner


Une légère grimace s’était dessinée sur le visage de Hwan lorsqu’Izia y avait fait pression pour se hisser jusqu’à la barre de fer mais, au moins, leurs efforts avaient porté leurs fruits. Quelques instants plus tard, elle était parvenue à s’extirper du trou et s’était mise en quête d’un câble à lui lancer pour qu’il puisse la rejoindre.

Agenouillé dans la boue, le jeune homme avait attendu une dizaine de minutes avant de commencer à trouver le temps long.

Le bâtiment devait être plein de matériel de travaux, pourquoi mettait-elle autant de temps à revenir alors même qu’elle avait promis d’être brève ?

Au bout d’une vingtaine de minutes, un long soupir s’était échappé d’entre ses lèvres. Franchement, à quoi s’était-il attendu de la part d’une bloodrunner ?

Il n’avait existé une trêve entre eux que par nécessité mais à présent qu’il représentait la seule menace, elle n’était plus contrainte de faire équipe avec lui…

Incapable de se transformer intégralement, il avait dû se contenter de faire pousser ses griffes pour espérer être capable d’escalader les parois glissantes du gouffre.

Il avait tenté une fois, deux fois, trois fois … avant de se rendre à l’évidence. Ce plan ne fonctionnerait pas.

Un poing rageur, écrasé dans la glaise, avait salué cet échec.

Couvert de boue, il avait tenté de s’élancer, de prendre appui sur l’un des côtés pour parvenir à atteindre à son tour le morceau de métal mais, cette fois, il avait fini sur les fesses. Un grognement de frustration venait de s’échapper d’entre ses lèvres lorsque des bruits de pas étaient parvenus à ses oreilles.

Il s’était relevé en hâte pour se plaquer contre le bord du gouffre, par reflexe, même s’il savait que sa forme circulaire rendait toute dissimulation efficace impossible, lorsque la blonde avait refait son apparition, le poussant à s’apaiser.

A sa grande surprise, il semblait l’avoir jugée trop hâtivement….

Pressé d’en finir, il avait saisi le câble qu’elle lui avait envoyé dès qu’il avait été à sa portée et il s’était hissé à l’extérieur du gouffre. Là, il avait jeté un œil méfiant aux alentours avant de reporter son attention sur la louve.

- Merci… d’avoir tenu parole. Je dois avouer que j’ai eu un doute. Qu’est ce qui t’a pris autant de temps ?

Se rappelant qu’il était couvert de glaise des pieds à la tête et constatant que son interlocutrice semblait étonnée par ce fait, il avait joué la carte du détachement, pour ne pas avoir à avouer qu’il avait « paniqué » en se pensant abandonné.

- Quoi ? C’est bon pour la peau.

Et maintenant ? Avait-il voulu ajouter. Maintenant qu’ils étaient sortis d’affaire, qu’allait-il se passer ?

( Pando )

@Izia Turner & @Kim Dae-Hwan


A vrai dire, l'idée qu'il puisse penser qu'elle l'ait abandonné à son sort a effleuré la jeune femme, avant qu'elle ne se signale à lui et lui lance un câble, mais elle s'est dépêchée de secouer la tête pour la chasser de son esprit. Même Bloodrunner, c'est une femme d'honneur : si elle a dit qu'elle reviendrait, elle reviendra toujours, dusse-t-elle mettre un peu plus de temps que prévu pour parvenir à son objectif.

Elle observe le déviant grimper au câble, haussant légèrement un sourcil en le constatant couvert de boue, avant de pencher la tête sur le côté lorsqu'il la remercie après avoir vérifié qu'ils sont toujours plus ou moins en sûreté, lui répondant en haussant les épaules :

Je t'en prie. J'ai trouvé une porte de sortie, mais je suis tombée sur l'un d'eux et il a fallu que je les éloigne le plus possible avant de revenir en furtif. Navrée, du coup, pour le temps d'attente.

Elle l'examine avec attention, de haut en bas, et esquisse un léger sourire :

T'as essayé de grimper, je me trompe ? Pas besoin de circonvolutions, pourquoi te retrouver couvert de boue, sinon ?

Se redressant, elle lui désigne le contrebas et reprend :

Suis-moi. Fais gaffe où tu mets les pieds, ça glisse un peu...

Puis elle tourne les talons et se dirige vers la porte, avançant avec prudence et surveillant du coin de l’œil que le déviant tienne encore debout. Vu son état, s'il tient encore debout en sortant, ce sera presque un miracle, mais elle ne peut décemment pas le laisser tout seul, pas tant qu'elle ne sera pas certaine que la voie est libre pour qu'il puisse aller se retaper un peu.

En sortant, elle regarde à droite, puis à gauche, puis sort et se tourne vers le déviant :

T'as un endroit où te planquer afin de te retaper un peu ? Même si, en vrai, c'est un médecin qu'il te faudrait, au minimum, mais bon... Est-ce que vous en avez, telle est la question.

Elle pose son regard clair dans celui du déviant, droite et fière, avant de reprendre :

Je préfère te prévenir, on se reverra. J'aime pas ne pas comprendre pourquoi j'ai pas envie de t'éclater la tronche, comme tous les autres déviants, à croire que t'es vraiment... différent d'eux. Alors j'te propose un truc : si jamais tu veux causer et m'expliquer, viens me voir au Donovan's, c'est là que je bosse. En attendant... J't'accompagne, ou ça ira ?

( Pando )

 @Izia Turner


Hwan s’était senti un peu idiot en entendant les explications de son interlocutrice. Comment avait-il pu oublier les loubards ? La probabilité que la louve retombe sur eux était au moins aussi élevée que celle qu’elle l’abandonne, malgré sa promesse de retour.

Enfin ! Puisqu’ils n’étaient plus à ses trousses, il supposait qu’elle leur avait réglé leur compte ou les avait coincés quelque part et le simple fait d’imaginer leurs têtes après qu’ils aient pris conscience d’avoir été battus par une femme avait fait naître un sourire sur ses lèvres.

Il avait volontairement esquivé sa question au sujet de ses tentatives infructueuses de s’extraire du gouffre. En revanche, constatant qu’elle semblait penser qu’il aurait du mal à s’en tirer seul, il avait fini par l’interrompre.

- T’inquiètes maman, je vais m’en sortir, avec ou sans toubib.

Ils n’étaient pas assez intimes pour qu’il lui parle de sa vie, mais douiller, encaisser en silence et se relever étaient ses spécialités.

Il resterait tranquille pendant quelques jours, le temps que ses gènes de loup fassent leur travail, puis il pourrait reprendre ses activités, comme si rien ne s’était passé ou presque.

Entendre n’importe quel autre bloodrunner lui annoncer qu’ils se reverraient l’aurait probablement inquiété mais cette promesse ci avait, aussi étrange que cela puisse être, quelque chose d’agréable.

- Ravi de savoir que je t’ai tapé dans l’oeil ! Je passerai, à l’occasion.

Fanfaronner, ironiser, jouer au petit con insolent… tout cela était bien plus facile que de la remercier encore, authentiquement, de lui dire simplement qu’il était heureux, pour une fois, de ne pas avoir été la victime d’aprioris et de fausses accusations. Qu’il avait apprécié la petite aventure qu’ils avaient partagé ensemble car elle lui avait permis de rompre avec sa solitude, parfois très lourde à porter.

Il avait bien entendu refusé son aide pour regagner son squat, premièrement par fierté, deuxièmement parce qu’il n’était pas prêt à lui dévoiler la localisation de ses planques, seuls lieux dans lesquels il trouvait une sécurité relative.

Avant de lui tourner le dos et de disparaître, toutefois, il avait lancé :

- Je m’appelle Hwan, au fait.

Lors de leur prochaine rencontre, l’inconnue aurait ainsi d’autres options que de le désigner comme “le déviant”, ce qui était assez réducteur. C’était en effet le statut qu’on lui avait attribué mais, comme elle avait pu le découvrir, il ne se résumait pas qu’à cela…

( Pando )

@Izia Turner & @Kim Dae-Hwan


Izia ne peut retenir un léger haussement de sourcil amusé lorsqu'il fanfaronne, lui promettant de passer à l'occasion au Donovan's. Lui, lui taper dans l’œil ? Peuh, même pas en rêve. Non, il est juste... différent des autres déviants, et au fond, la Bloodrunner a envie de lui laisser une chance de s'expliquer et de lui prouver que tous les déviants ne sont pas des psychopathes en puissance. Qui sait, peut-être même qu'il pourrait l'aider à se débarrasser des plus violents d'entre eux...

Mais chaque chose en son temps. Voyant qu'il s'éloigne, décidant de se débrouiller tout seul, elle penche la tête sur le côté et esquisse un léger sourire lorsqu'il se présente enfin. Hwan. Un prénom qu'elle grave dans son esprit avant de lui répondre sans se départir de son sourire :

Izia. Remets-toi bien, je veux mes explications en bonne et due forme.

Elle l'observe s'éloigner, restant parfaitement immobile, et attend qu'il ait disparu de son champ de vision pour rentrer chez elle afin d'aller se reposer et se retaper un peu. Elle a mal, son corps va être courbaturé pendant un bon moment, mais elle n'a pas envie d'aller embêter Malia une fois de plus ; elle laissera donc ses gènes loups la retaper tranquillement, se contentant de se mettre des pansements et des bandages là où ça craint le plus, histoire de pouvoir quand même aller au boulot, et, surtout, elle attendra pour la prochaine chasse au déviant. Il faudrait qu'elle discute de ce qu'il vient de se produire, mais elle ne sait pas vraiment vers qui se tourner, pour le coup. Josh, peut-être, son mentor Bloodrunner... Ou peut-être Malia. Rah, difficile de réfléchir quand on a des côtes douloureuses, grogne-t-elle sur le chemin du retour, appréciant avec bonheur de se retrouver sur son lit pour au moins quelques heures.

( Pando )