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The worst form of injustice is pretended justice - Lucinda

Kim Dae-Hwan
Kim Dae-Hwan

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The worst form of injustice is pretended justice
@Lucinda Trask

Les contrats se faisaient plus rares ces derniers temps. Les loups de la meute de Clearwater étaient bien implantés à Bennington et ils ne voyaient pas toujours le fait qu’il marche sur leurs plates-bandes d’un très bon œil.  

Pendant quelques semaines, il allait lui falloir faire profil bas s’il ne voulait pas risquer d’ajouter des ennemis sur sa liste, déjà longue comme le bras…

Environ six mois après fui la meute de Silvercrest, poussé par l’instinct du loup qui lui hurlait de ne pas demeurer isolé, il s’était rapproché du gang en espérant pouvoir l’intégrer mais il s’était heurté à un refus brutal. Personne ne voulait visiblement prendre le risque de recueillir un déviant, excepté Simon Trask qui avait pris la tête de sa propre meute mais qu’il ne pouvait se résoudre à rejoindre.

Il était loin d’être un enfant de chœur mais leurs idéaux différaient de manière trop importante…

Contraint et forcé, il s’était mis à éplucher les sites de petites annonces pour tenter de trouver un emploi légal.

Son allure peu soignée à cause de sa vie en squat, ses cicatrices sur le visage et son œil voilé rendaient sa tâche plus ardue mais il n'avait pas le choix s'il souhaitait survivre en ville et surtout, continuer de pouvoir subvenir aux besoins de sa "famille".

Après plusieurs entretiens infructueux, il s'était retrouvé dans la vieille ville et, par hasard, devant un magasin étrange dont le nom avait attiré son attention. "Mystic moon "... que pouvait donc bien vendre à l'intérieur ?

La réponse l'intéressait moins que la petite affiche placardée sur la porte, qui annonçait que du personnel était recherché.

Après avoir remis un semblant d'ordre dans ses cheveux de jais, il était entré pour tenter sa chance, quittant l'air pollué de la rue pour une atmosphère tout aussi chargée en senteurs inhabituelles.

Encens, fumée, huiles essentielles, et quelques autres qu'il n'était pas certain de parvenir à identifier...

Il inspectait une rangée de babioles avec curiosité quand des bruits de pas l'avaient poussé à se retourner vers la caisse.

- Bonjour. Je viens pour...

Il s'était brusquement interrompu lorsque son unique oeil valide s'était posé sur la propriétaire des lieux et que son odeur était parvenue à ses narines.

Elles lui étaient familières, et pour cause...

*Merde...*

- Laissez tomber. Bonne journée.

Quelle était la probabilité pour qu'il se retrouve face à face avec la louve qu'il avait été accusé d'agresser en bande deux ans plus tôt ?

Contrairement à ce que tous semblaient penser, il ne l'avait pas même effleurée ce soir là, mais sa fuite et son refus de se soumettre aux coutumes de la meute en avaient fait un coupable idéal.

Peu désireux de se retrouver soudainement entouré par plusieurs autres lycans vengeurs, bien qu'il n'était pas certain que la femme soit en mesure de le reconnaître, il avait repris la direction de la porte avec un pas rapide...

( Pando )
Lucinda Trask
Lucinda Trask
fondatrice

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occupation : propriétaire d'une petite boutique d'ésotérisme, dans le quartier de Old Bennington
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The worst form of injustice is pretended justice
 @Kim Dae-Hwan  

Lucinda aimait sa boutique d’ésotérisme, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, c’était un domaine qui l’intéressait et l’amusait – sur certains points du moins. Quoi de plus ironique que de tenir un tel genre de magasin quand on était soi-même une créature « surnaturelle » ? De plus, elle avait ainsi un contact quotidien avec le monde des humains et ces derniers. D’une certaine manière, cela lui conférait à elle-même un côté plus humain également. Enfin, c’est ce qu’elle aimait penser. Que côtoyer des humains la rendait plus humaine. Mais depuis son agression et son traumatisme, elle avait d’autres raisons d’apprécier cette boutique. En effet, depuis qu’elle avait « perdu » sa louve, elle avait cette sensation de ne plus vraiment faire parti du monde des lycans… une louve de l’ombre ayant perdu ses capacités lycannes ne valait plus rien. Elle qui aimait tant les humains était devenu aussi vulnérable et fragile que ces derniers. Là aussi, l’ironie de la situation ne lui avait guère échappée. Et les effluves d’encens, parfums, huiles essentielles, bougies qui l’enveloppaient constamment permettaient de masquer la plupart du temps la perte de sa louve face à l’odorat surdéveloppé des siens. Oui, cette boutique était vraiment très utile à ses yeux sur bien des points. Récemment, elle avait affiché une annonce sur la porte d’entrée, recherchant un vendeur. Les affaires marchaient plutôt bien d’une manière générale, elle pouvait donc se permettre ce petit « soulagement » au quotidien. Restait à trouver la perle rare.  

La petite clochette de la porte d’entrée l’averti qu’un potentiel client venait d’entrer dans la boutique, tandis qu’elle déballait des cartons dans l’arrière-boutique. Plaquant un sourire de bienvenue sur son visage, Lucinda se dirigea vers le comptoir. « Bonjour ! je peux vous aider ? » Elle découvrit un jeune homme, qui semblait plongé dans l’examen de babioles sur l’étagère à côté de lui. Mais lorsque ce dernier lui fit face pour lui répondre, Lucy découvrit son visage et devint livide. Lui-même paru surpris de la voir là, s’apprêtant visiblement à battre en retraite au plus vite après cette découverte. Ce visage ne lui était pas inconnu, et pour cause. Il avait vécu un temps avec les Silvercrest, à Shadow Peak. Il avait été mordu, avec sa jeune sœur, qui n’avait elle, pas survécu. Lucinda à l’époque n’avait suivi l’histoire que de loin, nourrissant déjà des soupçons sur Simon et leur père et se tenant un maximum à l’écart des histoires de la meute. Dans son souvenir, le jeune mordu avait trainé avec son demi-frère, et suspecté d’avoir été mêlé de près ou de loin à son agression, deux ans auparavant. Sans souvenir de celle-ci, elle avait été incapable d’identifier le jeune homme comme réel coupable, pas plus que de l’innocenter.

« Attendez ! » Elle bondit pour lui barrer la route et l’empêcher de sortir de la boutique. De toute évidence, en entrant dans celle-ci, il ignorait qu’elle en était la propriétaire, son étonnement en la découvrant derrière le comptoir n’étant pas feint. Tout comme sa soudaine précipitation à quitter les lieux. Peut être faisait-elle une erreur regrettable en essayant de le retenir. S’il avait bel et bien participé à son agression, il pouvait recommencer à tout moment. Mais autrement… peut être avait-il des informations sur Simon ? Peut être savait-il qui l’avait agressé ? Hormis celui que son frère Eli avait tué – et il avait été banni pour ça – elle n’avait aucune idée de la réelle identité de ses autres agresseurs. « Je crois qu’il faut qu’on parle, tous les deux. » finit-elle par dire, tout en plantant son regard dans le sien. « S’il vous plait. » Elle leva ses mains en signe d’apaisement, devinant son malaise face à elle. Restait à découvrir les raisons de celui-ci. Culpabilité ou autre chose ?


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The worst form of injustice is pretended justice
@Lucinda Trask


Hwan s’était raidit lorsque la rousse avait bondi devant lui pour lui barrer la route vers la sortie. Il s’était attendu à ce qu’elle l’agresse, physiquement ou verbalement mais, à sa grande surprise, elle s’était adressée à lui avec politesse, ce qu’aucun autre loup n’avait fait l’effort de faire depuis très longtemps.

Etais-ce un piège ? Un stratagème pour lui faire perdre du temps en attendant que les renforts arrivent ?

Il ne l’avait pas vue pianoter sur son téléphone et elle n’avait à priori pas eu le temps d’élaborer un message complet mais il suffisait qu’elle ait une fonction d’alerte d’urgence pour qu’un sms soit parti en un clignement d’yeux.

Que faire ?

Profiter de l’occasion pour tenter de s’innocenter pour son agression, ce qui diminuerait peut-être le nombre de bloodrunners lancés à ses trousses, ou appliquer son plan de départ et disparaitre au plus vite pour ne prendre aucun risque ?

En l’absence d’autre solution, il avait décidé de se fier à son instinct et à ses sens. La posture de la jeune femme n’était pas menaçante, pas plus que son expression ou que le ton de sa voix. Son cœur battait un peu plus rapidement qu’il l’aurait dû au repos mais cela était probablement dû à son récent mouvement rapide plutôt qu’à une tentative de dissimuler des intentions malhonnêtes.

Au bout de longues secondes d’analyse silencieuse, le jeune homme s’était légèrement détendu et avait laissé échapper un soupir.

- Comme vous voudrez, mais pas ici.

Il ne voulait pas demeurer « sur son territoire » et préférait qu’ils puissent échanger dans un lieu neutre et si possible à proximité immédiate d’humains, ce qui empêcherait toute utilisation de pouvoirs surnaturels.

- Je connais un endroit où nous ne serons pas dérangés.

Il s’agissait d’un toit, jusqu’auquel il la conduirait en une quinzaine de minutes si elle consentait à le suivre, un peu à l’écart de la circulation mais duquel il pourrait aisément s’évader en cas de besoin…



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 @Kim Dae-Hwan  

Le jeune lycan était sur de toute évidence sur le qui-vive, prêt à détaler à tout moment. Pour peu, il ressemblait à un gibier prisonnier des phares d’une voiture. Lucinda ne voulait pas le brusquer plus qu’il ne fallait de ce fait. C’était d’ailleurs assez étrange comme situation. La logique aurait voulu que ce soit-elle qui soit effrayée de sa présence. Après tout, il avait été soupçonné d’avoir participé à son agression. Agression qui avait été « bestiale », et dans laquelle elle avait frôlé la mort. Elle ne savait absolument pas de quoi il pouvait être capable ni même ses intentions à son égard. Mais pourtant, elle n’avait pas peur de lui. Il n’apparaissait aucunement menaçant envers elle, mais plutôt désireux de la fuir. Il avait été tout aussi étonné qu’elle – voire plus – de la découvrir dans la boutique.

Lucinda attendit patiemment qu’il décide de ce qu’il allait faire. Finalement, il paru se détendre imperceptiblement, avant de lui adresser la parole. Il acceptait de lui parler, mais pas dans sa boutique. Lucy arqua un sourcil intrigué, alors qu’il soumettait un autre endroit, tranquille, pour échanger. Le sourcil se fronça. Etait-ce un piège qu’il lui tendait ? L’avait-on envoyé en éclaireur pour prendre contact avec elle ? Mais qui était le « on » dans ce cas-là ? Simon ? Non, son demi-frère ne s’embarrasserait pas d’autant de ruses s’il voulait la contacter ou la voir. Il viendrait lui-même. Juste pour le plaisir de voir la peur qu’il lui inspirait se refléter dans ses yeux. Il n’enverrai pas un de ses sbires à sa place. Elle se trouvait donc face à un dilemme. Soit elle lui faisait « confiance » et le suivait, obtenant ainsi peut être des réponses à ses questions, soit elle refusait sa proposition par prudence, au risque qu’il ne se volatilise dans la seconde qui suivait, ce qui paraissait le scénario le plus probable.

Sans doute en proie à la même indécision que son interlocuteur quelques instant auparavant, Lucinda pesait rapidement le pour et le contre dans son esprit. Mais l’occasion était trop belle de pouvoir lui parler, pour qu’elle ne pêche par excès de prudence. Si jamais il s’était joué d’elle et bien… elle aviserait. « Très bien. » finit-elle par dire. « J’accepte de vous suivre, laissez moi juste le temps de fermer la boutique. » Un nœud d’appréhension lui enserrait le ventre, tandis qu’elle prenait les clés du magasin et fermait sa caisse. Elle espérait avoir fait le bon choix. Elle ouvrit la porte de la boutique, faisait tinter la clochette qui prévenait quand un client arrivait ou repartait, et glissa la clé dans la serrure. « Allons-y. » Elle scruta la rue alentour, en quête du moindre signe qui lui indiquerait qu’il lui tendait un piège, mais rien d’inhabituel n’attira son attention. Après avoir verrouillé la porte, elle emboita le pas au lycan. « On va où ? »



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La femme avait hésité à le suivre. Comme lui, elle semblait méfiante. Preuve qu’elle n’avait contacté aucun allié ou volonté de le lui laisser croire ? Une fois encore, les sens de Hwan lui avaient permis de démêler le vrai du faux. Le coeur de son interlocutrice s’était légèrement accéléré et l’odeur qui se dégageait d’elle trahissait son stress. A priori, elle n’était donc pas une menace.

Silencieux, il l’avait laissée fermer sa boutique et lui emboîter le pas. Ils étaient deux à regarder derrière leurs épaules, ce qui était certainement comique à voir pour un observateur extérieur.

Lorsqu’elle l’avait interrogé au sujet de leur destination, il n’avait néanmoins pas jugé nécessaire de lui mentir.

- Dans un ancien diner désaffecté. On y sera dans moins de vingt minutes si on ne traîne pas.

Le duo improbable s’était éloigné du quartier où ils s’étaient rencontrés, jusqu’à atteindre les abords de l’une des sorties de la ville.

- C’est là.

Le jeune homme connaissait bien l’établissement délabré, pour y avoir passé un certain nombre de nuits. Il avait la réputation d’être hanté aussi, rares étaient les individus qui venaient l’y déranger, ce qui était un véritable luxe lorsqu’on vivait dans la rue.

Malheureusement, le toit n’était plus très étanche et le vent s’engouffrait entre les murs, ce qui le conduisait souvent à préférer d'autres planques, au moins pendant la saison froide.

Pour échanger en toute tranquillité, le lieu ferait cependant très bien l’affaire.

Comme s’il était le propriétaire des lieux, le jeune homme était entré pour s’installer sur une banquette délabrée autour d’une table noircie par les intempéries et avait invité la louve à en faire de même.

- Je ne sais pas trop ce que vous attendez de moi mais j’espère que vous ne vous faites pas trop d’illusions. J’ai pas grand chose à vous dire…

Il n’avait en effet assisté qu’au début de son agression, avant que les choses dégénèrent. Il était certain que les autres loups avaient l’intention de se montrer agressifs à son égard mais jamais il n’aurait pensé que son propre frère les laisserait aller aussi loin, car lui aurait tout sacrifié pour protéger ses sœurs, qui n'étaient même pas de son sang.

Il avait découvert les détails sordides de cette soirée-là après sa fuite, lorsque les bloodrunners lui avaient reproché les horreurs commises. Les faits donnaient envie de vomir, ou de tuer, dans leur cas, il était vrai, mais comme il l’avait clamé à plusieurs reprises, en vain, il n’avait rien à se reprocher.

Son inaction, à la rigueur, mais, à supposer qu’il ait pu imaginer le calvaire qu’allait subir Lucinda, il ne serait de toutes façons pas parvenu à changer le cours des événements, même avec la meilleure volonté du monde. La bande de Simon l’aurait tué avant qu’il parvienne à prévenir les secours.

Et puis, qui aurait sacrifié sa vie pour une parfaite inconnue, en tentant de s’opposer à des forces qui le dépassaient encore ?




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Lucinda n’en menait pas large en suivant le lycan dans la rue. Il l’informa qu’il l’emmenait dans un ancien diner désaffecté. Elle calqua son rythme sur le sien, le cerveau en ébullition. Elle n’avait prévenu absolument personne de son entourage de cette rencontre improbable, et encore moins de la folie qu’elle était en train de commettre. Nul doute que ses frères seraient furieux – enfin surtout Eric, Eli étant aux abonnés absents depuis son bannissement – s’ils apprenaient cela, et la traiteraient certainement d’inconsciente. Peut être auraient ils raison par ailleurs. Mais Lucinda en avait plus qu’assez de se triturer les méninges avec des questions sans réponses, et n’avait pas l’intention de passer à côté d’une occasion d’avoir des hypothétiques réponses grâce à son interlocuteur.

Son pouls s’accéléra tandis qu’il l’invitait à entrer dans le bâtiment abandonné. L’endroit était dans un état pitoyable, totalement insalubre. Cependant, elle obtempéra et pris place sur la banquette élimée qu’il lui proposait. C’est dans des moments comme celui-ci qu’elle regrettait amèrement les interactions avec sa louve. Celle-ci aurait pu sentir et détecter des choses qu’elle-même était désormais dans l’incapacité de faire. Finalement, Hwan se décida à rompre le silence qui s’était instauré entre eux depuis qu’ils avaient quitté la boutique, à l’exception de quelques indications sur leur chemin. Ce dernier arguait le fait qu’il n’avait guère d’informations à lui fournir. Bizarrement, Lucinda était tentée de le croire. Pour l’heure, rien n’indiquait qu’il essayait de se jouer d’elle.

« Je sais que vous avez été en relation avec Simon. Mon demi-frère. Avant mon agression. » commença-t-elle d’un ton prudent. Elle n’avait quasiment pas de souvenir de cette soirée, à croire qu’elle avait perdu la mémoire en même temps que sa louve. « Vous y étiez n’est-ce pas ? Le soir de mon agression ? » Ce n’était pas une accusation, mais une réelle interrogation de sa part. « Vous devez savoir qui était là ce soir-là. Je veux juste des noms. » Des noms qu’elle pourrait ensuite fournir aux Bloodrunners et à Eric. Mais il y avait une autre question qui lui brûlait les lèvres. « Si vous m’aidez, je plaiderais votre cause auprès du Conseil et des Bloodrunner… pour qu’ils vous laissent en paix. » Elle estimait que c’était un juste retour des choses. Elle n’allait pas jusqu’à lui proposer sa réhabilitation au sein de la meute pour la simple et bonne raison qu’elle ressentait qu’il refuserait. Et en un sens, elle ne pouvait l’en blâmer.




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@Lucinda Trask



La rousse disait vrai. Peu de temps avant son évasion, Hwan avait effectivement été approché par Simon Trask, qui lui avait assuré partager son animosité pour les anciens de la meute et proposé son aide pour leur fausser compagnie.

Le soir de l’agression de Lucinda, il était convaincu que lui et ses gars s’étaient rassemblés pour prendre le départ et fonder leur propre meute, pas pour violenter et abuser de sa demi-soeur.

Voyant que le ton montait entre la jeune femme et eux, il avait préféré tailler sa route seul, pensant assister à une énième dispute familiale, craignant que ce contretemps compromette son plan.

A présent qu’il se retrouvait devant elle, ayant été mis au courant de ce qu’il s’était réellement passé, il se sentait mal à l’aise et sincèrement désolé pour elle, faits qu’il s'efforçait de dissimuler au mieux. Se montrer “faible “ face à un ennemi potentiel n’était jamais une bonne idée.

- Votre frère devait m’aider à quitter la meute, rien d’autre. J’ai assisté au début de votre… échange, mais je suis rapidement parti de mon côté.

Il s’était interrompu durant quelques secondes avant de reprendre, mi interloqué, mi agacé :

- Est-ce que c’est une sorte de test tordu ou quelque chose comme ça ? Vous étiez aux premières loges et vous connaissez les autres loups bien mieux que moi… pourquoi auriez vous besoin que je vous livre leurs noms ?

Puisqu’il était toujours sur la défensive, l’idée qu’elle puisse être amnésique ne lui avait pas traversé l’esprit.

Un sourire sans joie s’était dessiné sur ses lèvres au moment où son interlocutrice avait parlé de plaider sa cause auprès du conseil. L’idée était séduisante mais il ne croyait aucunement en ses chances de réussite.

- Votre conseil m’a jugé coupable sans avoir aucune preuve, parce que ça arrangeait ses affaires. Pensez vous vraiment qu’il reviendra sur sa décision à votre simple demande ?

La volonté de la victime devrait effectivement être respectée mais, ne serais-ce que pour éviter de perdre la face, ses comparses l’ignoreraient très probablement. De plus, même s’il s’agissait de légitime défense et d’un accident, il s’était depuis livré à des meurtres, ce qui ne jouerait pas en sa faveur…

- Et comment pensez-vous que réagira Simon s’il apprend que j’ai vendu ses amis ?

La rousse n’en avait certainement que faire mais le sort qu’il lui réserverait serait bien pire que ce que pourrait lui faire subir le plus zélé des bloodrunners…



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Le lycan se plia de bonne grâce aux questions de Lucinda. Il admit que Simon devait l’aider à quitter la meute. Simon, aider quelqu’un ? Son demi-frère n’aidait personne à par lui-même, il se contentait de manipuler son entourage à son avantage. Hwan avait été qu’un pion parmi tant d’autres pour le déviant. A moins qu’il ne mente, mais rien dans son attitude vis-à-vis d’elle ne laisser supposer une telle chose. D’ailleurs, sa réaction suivante la conforta dans son intuition. Le lycan paraissait étonné – même agacé – qu’elle ose lui demander les noms de lycans qu’elle connaissait sûrement mieux que lui. Ce qui en soit, n’était pas tout à fait faux, si elle n’avait été amnésique.

« Je… je n’ai aucun souvenir de cette soirée. » avoua-t-elle, après une brève hésitation. Elle n’avait aucun intérêt à lui mentir, si ce n’est de le faire fuir. « J’ignore qui sont mes agresseurs. Je sais juste que Simon est derrière tout ça. » Le seul lycan identifié formellement ce soir-là avait été tué des griffes de son frère Elijah, qui avait été ensuite banni de la meute pour avoir voulu faire justice lui-même, contre les ordres de Conseil. « Un seul d’entre eux a été identifié. Mon frère Eli l’a retrouvé, l’a tué, et a été banni de la meute. » Elle-même à ce moment là était encore entre la vie et la mort et n’avait su que plus tard ce qu’il s’était passé.

Hwan ne semblait guère convaincue qu’elle puisse plaider sa cause auprès du Conseil. En-cela, elle ne pouvait lui en tenir rigueur. « Je peux au moins essayer. » admit-elle avec un sourire sans joie. « Je sais que je vous en demande beaucoup… j’en suis consciente. » Les craintes du lycan étaient tout à fait justifiées. Effectivement, Simon n’apprécierait guère qu’il balance des noms ainsi. Elle-même s’exposait à d’autres représailles, sans doute bien pire que son agression passée. Cependant, il fallait que tout ceci cesse, définitivement. Lucinda soupçonnait également que Simon bénéficie du soutien de leur père. La question qui se posait également, c’était jusqu’à où le Conseil des Anciens était-il corrompu ?

« Simon doit être mis hors d’état de nuire. Pour le bien de tous, les lycans comme les humains. » déclara-t-elle alors avec emphase, tout en posant une main sur celle du lycan. « Être sa sœur ne me protège en rien, vous en avez eu un aperçu il y a deux ans. Il est devenu totalement fou et incontrôlable. Je vous en supplie, aidez-moi à le neutraliser. » Bon, techniquement, elle ne serait pas en mesure de faire grand-chose. Mais elle remettrait les informations aux Bloodrunners, et à son frère Eric. Eux pourront agir en conséquence.




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Hwan avait momentanément baissé les yeux vers la table lorsque la louve lui avait appris qu’elle n’avait aucun souvenir de son agression. Il savait que cela était possible, en cas de choc psychologique important ou de traumatisme crânien, mais il ignorait ce qui était le pire.

Avoir été dépossédée de tant de choses, ce soir là, jusqu’à sa mémoire, et ne pas même être en mesure d’identifier les coupables pour obtenir réparation, ou garder l’ensemble des détails en mémoire et les ressasser, encore et encore ?

L’asiatique détestait avoir la sensation de ne pas être aux commandes de sa vie. La jeune femme devait être forte, pour avoir su se relever suite au drame qu’elle avait vécu.

Chaque coup d’oeil dans le miroir lui rappelait le jour funeste où il n’avait pas été en mesure de protéger sa soeur et ravivait dans sa tête l’idée qu'il n'aurait pas dû lui survivre dans ces conditions, il avait donc une idée de ce qu’elle pouvait bien ressentir en se mirant de son côté, sachant que son corps avait été profané par des individus qui n’avaient écopé d’aucune punition pour leur crime…

La main qu’elle avait posé sur la sienne l’avait fait tressaillir. Le contact n’était pas désagréable mais il s’y était immédiatement soustrait, ayant perdu l’habitude que l’on se montre aussi familier avec lui.

Oui, la rousse lui en demandait beaucoup. Elle était issue d’une famille puissante et une louve de sang-pur, pourquoi diable fallait-il qu’elle réclame l’aide d’un insignifiant petit déviant solitaire comme lui ?

Sa première idée avait été d’interrompre leur conversation sans chercher à en savoir plus. Le simple fait de s’être entretenu avec elle lui causerait peut-être déjà des problèmes avec Simon, qui avait des yeux et des oreilles un peu partout à travers la ville.

Toutefois, le discours alarmiste de son interlocutrice avait piqué sa curiosité, aussi s’était-il contraint à échanger un peu plus longtemps avec elle.

- …Je ne traîne plus avec eux depuis longtemps mais je sais que lui et ses gars sont à l’origine de plusieurs disparitions récentes… que savez vous de ses projets ? Prévoit-il des attaques de plus grande ampleur ?

Protéger sa famille était sa priorité absolue. Tant qu’elle ne se retrouvait pas isolée la nuit, chose à laquelle il veillait avec le plus grand soin, sa seconde soeur ne risquait à priori pas d’être prise à partie par une créature surnaturelle.

Cependant, Lucinda avait mentionné que son frère était fou et incontrôlable, ce qui lui laissait penser que sa tâche pourrait peut-être s’avérer beaucoup plus ardue dans le futur s’il laissait le problème s’enkyster et la meute de trask prendre de l’ampleur…

Si tel était le cas, il était prêt à prendre le risque de parler, car aucun prix ne serait trop élevé pour sauver la vie jumelle de celle qu’il avait perdu par le passé…




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Lucinda n’avait désormais plus du tout de crainte vis-à-vis du lycan. Ce dernier avait sans doute commis des erreurs dans sa vie, fait des mauvais choix à certains moments… mais il ne représentait aucune menace directe pour elle, en cet instant précis. Lorsqu’il ôta précipitamment sa main au contact de la sienne, elle ne s’en formalisa pas non plus. Visiblement, ses mots avaient fait mouche, il n’avait pas encore mis fin à leur échange, et semblait porter un intérêt nouveau à la conversation. Hwan se montra alors un peu plus enclin à parler, mais ce qu’il dont il lui fit part de prime abord, Lucinda le savait déjà. Simon et ses sbires étaient derrière les récentes disparitions. Dieu seul savait ce qu’ils avaient pu faire subir à ces jeunes femmes avant de les tuer. Si les humains n’avaient découvert aucun corps, c’est uniquement parce que les Bloodrunners avaient fait le nettoyage à chaque fois, à défaut de pouvoir neutraliser son demi-frère et ses déviants.

En revanche, en ce qui concernait d’éventuels autres projets, Lucinda n’en savait strictement rien. « Je n’ai hélas aucune idée de ses projets, si ce n’est asseoir sa supériorité sur les humains. » Elle se mordilla la lèvre inférieure. Devait-elle lui faire part des autres soupçons qu’elle nourrissait, envers son père et le Conseil des Anciens ? Peut être que le lycan, à l’époque où il fréquentait Simon, avait surpris des conversations… ou autre. « Je… est-ce que vous savez si Simon avait des contacts avec d’autres Anciens que notre père ? » Lucinda n’avait plus aucune confiance dans le Conseil, consciente que son père y avait une forte influence, et n’ayant aucune idée de jusqu’à quel point la pomme était pourrie de l’intérieur. Car elle l’était, c’était une quasi-certitude.

« Mon père… enfin notre père, à Simon et moi, partage ses idéaux et hait probablement les humains autant que lui. Je le soupçonne d’aider Simon dans ces actions et de le couvrir. J’ignore s’il est le seul au sein du Conseil à être de mèche avec lui ou non. Autant vous dire que je ne sais plus trop à qui faire confiance, hormis une poignée de personne. » Elle se redressa sensiblement sur la banquette et étouffa un soupir. « Si tout cette folie va trop loin, notre existence finira par être exposée au regard des humains, et notre espèce… exterminée. D’où l’importance de mettre un terme à tout ceci. » Elle secoua la tête d’un air navré. « Même si vous n’avez plus de contact avec Simon, il ne vous a jamais rien dit, je sais pas, une planque où il se rend, des habitudes particulières sur l’extérieur ? Ou même tout simplement des noms. S’il vous plait. » C’était la seconde fois qu’elle le suppliait de coopérer. Elle espérait qu’il comprenne l’enjeu et l’urgence de la situation, en dehors même du fait de son agression.




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Kim Dae-Hwan
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Hwan avait laissé échapper un soupir en entendant Lucinda lui parler de la mentalité de son demi-frère. Il avait compris depuis longtemps qu’il n’était pas fréquentable et qu’il avait probablement un grain, mais il n’imaginait pas que c’était à ce point.

S’il souhaitait assoir sa supériorité sur l’humanité toute entière, il risquait de ne plus seulement tuer ses victimes, mais de les transformer, pour former une meute de plus en plus imposante. A sa connaissance, son groupe actuel ne comptait pas plus d’une dizaine d’individus et, à en croire le rythme des disparitions, ils faisaient déjà beaucoup de dégâts.

Si leur nombre venait à s’accroitre jusqu’à tripler, ou peut-être plus, qui serait encore en mesure de les arrêter ?

S’ils avaient effectivement le soutien de membres du conseil, comme semblait le penser la rousse, la réponse n’était pas réjouissante.

Et oui : à terme, leurs activités risquaient fort d’éveiller les soupçons au sujet de l’existence du monde surnaturel.

- Peut-être que ça ne serait pas une si mauvaise chose, que nous disparaissions…

N’étant pas né loup, il considérait sa condition comme une malédiction qui avait terminé d’empoisonner sa vie déjà compliquée, au mieux comme une maladie contagieuse et incurable qui le condamnait à la solitude.

Ils étaient une menace indéniable pour l’humanité, qu’ils le veuillent ou non et, à terme, il lui semblait inévitable qu’un conflit éclate entre les deux partis. Si les humains voulaient avoir une chance de survie, étant plus faibles qu’eux, il serait dans leur intérêt de les anéantir avant de cesser d’avoir un avantage numérique écrasant…

- Votre frère ne m’a jamais fait confiance au point de se confier à moi. Je vous répète que je ne l’ai côtoyé que quelques jours, à l’époque où je cherchais à me libérer de la meute… Il se fait discret mais il squatte probablement des bâtiments désaffectés en ville, comme tous les autres parias. Je vais ouvrir l’œil et j’essayerai de me souvenir de vous si j’apprends quelque chose…

Il s’était interrompu durant quelques instants avant de sortir un petit carnet de sa poche et de détourner son attention de la demoiselle pendant quelques minutes pour y dessiner des croquis rapides, qu’il avait fini par lui remettre.

- Je ne connais pas leurs noms, mais ces deux types étaient avec Simon quand il a commencé à vous violenter.

Les portraits, bien que rapides, étaient fidèles, étonnamment précis. L’asiatique avait laissé le temps à son interlocutrice de bien les mémoriser avant de lui reprendre les papiers des mains et d’y mettre le feu avec son briquet, pour effacer les preuves physiques de son implication.

Les visages des autres ne lui revenaient pas, notamment parce que certains portaient des capuches et/ou des foulards pour les dissimuler.

Un grondement de son estomac lui avait rappelé qu’il serait bon qu’il se remette à la recherche d’un petit boulot sans trop tarder, ce qui était sa mission initiale, sans quoi il demeurerait désespérément vide.

- On a fini ?



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Lucinda Trask
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Elle espérait sincèrement que ses propos fassent mouche, et que le lycan accepte de lui accorder son aide. Même s’il estimait ne pas avoir d’information à lui fournir, le moindre petit détail pouvait déjà s’avérer très utile, sans qu’il en ait réellement conscience. C’est non pas sans une pointe d’appréhension qu’elle le laissait à sa réflexion, priant pour qu’il fasse les bons choix. Lorsqu’il émit le fait que la disparition des leurs ne serait peut être pas une si mauvaise chose, le cœur de Lucinda se serra. Evidemment, elle ne partageait pas ce point de vue, elle était née lycan. Pour elle, sa louve était une alliée, une amie – dont elle regrettait amèrement « l’absence » depuis ces deux dernières années – et non pas une sorte de malédiction suite à une morsure, comme dans le cas de son interlocuteur. Il était extrêmement difficile pour un humain d’accepter la transformation et le loup en lui, raison pour laquelle très peu survivaient généralement, et qu’il était interdit de mordre un humain. « Je sais que vous n’avez pas choisi de devenir l’un des nôtres… et j’en suis désolée. » se contenta-t-elle de répondre doucement.

Hwan poursuivit, revenant sur les maigres liens qu’il avait entretenu avec Simon, à l’époque. De toute évidence, il n’avait pas d’information concrète sur les activités actuelles du déviant. Lucy allait lui répondre lorsqu’il extirpa un petit carnet de sa page et se mit à griffonner dessus, avant de lui tendre. Lucinda regarda les croquis avec attention, et son pouls s’accéléra. Le lycan avait dessiné les portraits de deux lycans présents lors de son agression selon lui. La bouche soudainement sèche, elle ne parvenait à détacher son regard des esquisses, jusqu’à ce que Hwan ne récupère vivement les croquis et ne les enflamme avec son briquet, avant même qu’elle n’eut le loisir de protester. Un frisson parcouru l’échine de la lycanne. L’un des deux protagonistes dessinés était mort, de la main de son frère Elijah. Le second… le second n’était autre que le conseiller de Stephen Trask. Son père. La voix de Hwan la ramena à la réalité brusquement et elle déglutit péniblement. Visiblement, il s’impatientait de quitter sa compagnie. Pouvait-elle lui en vouloir ? « Je… oui. Merci. » Elle noua ses mains sur ses cuisses pour en limiter les tremblements. « Merci pour votre aide. Vraiment. Je… si jamais je peux vous aider en retour… à l’occasion… » Elle lui jeta un regard appuyé, resongeant à sa venue dans la boutique. « D’ailleurs… pourquoi êtes vous venu à la boutique ? tout à l’heure ? » Ce n’était pas pour elle, c’était une évidence. Alors pourquoi ? Elle doutait fortement qu’il ne soit venu en simple client également. Soudain, ça fit tilte dans son esprit. « L’annonce ! Vous cherchez du boulot ? Si jamais… » Elle haussa les épaules. « Si jamais vous cherchez du travail… revenez me voir. » conclut-elle simplement. Elle comprendrait également qu’il ne veuille plus rien avoir à faire avec quelconque membre de la famille Trask.



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Etre un lycan n’avait pas que de mauvais côtés. Il était plus fort, plus résistant et doté d’un bien meilleur instinct. Seulement voilà : bien que la transformation pouvait être grisante, son loup intérieur, qui lui semblait avoir une conscience propre, le dotait d’une impulsivité et d’une agressivité renforcées qu’il avait du mal à canaliser.

En y réfléchissant bien, l’animal n’avait sans doute qu’une petite part de responsabilité dans son comportement. Il n’était que l’étincelle qui mettait le feu aux poudres. Son passé compliqué était le noyau dur de son instabilité et tant qu’il n’en aurait pas pansé les plaies, il lui serait difficile de trouver un équilibre…

La rousse avait immédiatement blêmi en posant les yeux sur ses croquis, signe évident qu’elle connaissait ses agresseurs. Visiblement stressée, elle l’avait remercié pour son aide avant de le questionner au sujet de la raison de sa présence dans sa boutique, de se souvenir qu’elle cherchait un employé et de lui proposer le poste.

Hwan avait laissé échapper un petit soupir. Il passait à côté d’un travail beaucoup plus paisible et honorable que ses missions actuelles mais il ne pouvait pas se permettre d’accepter.

- Laissez tomber. Ça nous exposerait tous les deux à des problèmes dont on se passera volontiers.

Les membres de la meute de la jeune femme lui reprocheraient de côtoyer un paria et lui serait exposé à la fois aux bloodrunners hostiles et à Simon.

En parlant du chef des déviants… il aurait tout intérêt à surveiller ses arrières dans les jours qui allaient suivre et de trouver une bonne excuse pour s’être entretenu discrètement avec sa demi-sœur au cas où il l’interrogerait à ce sujet…

Constatant que son interlocutrice avait toujours les jambes qui tremblaient et se rappelant qu’il l’avait entrainée assez loin en dehors de la ville, il avait ajouté :

- Je vais repartir de mon côté mais je garderai un œil sur vous de loin, le temps que vous rentriez au bercail.

Son sens moral n’était pas toujours irréprochable, mais il conservait un bon fond…

Une fois levé, il avait remis son carnet à croquis dans sa veste avant de reprendre, trop curieux pour s’abstenir :

- Une dernière chose : qui sont ces types, que je vous ai dessinés ?

Il voulait savoir à qui il avait affaire, pour savoir ce qu’il risquait exactement en cas de représailles…



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Sans surprise, Hwan déclina sa proposition. Dans un sens, il n’avait pas tort. Travailler pour elle, le fait qu’ils soient ensemble, n’attirerait rien de bon sur eux, et ils n’avaient pas besoin de ça dans l’immédiat. « Je comprends. » fit-elle. « Si jamais un jour… vous savez où me trouver. » Elle était presque certaine qu’il n’en ferait jamais rien. Mais au moins, elle lui laissait une porte ouverte. Il en avait sûrement besoin. Il lui assura ensuite qu’il garderait un œil sur elle le temps qu’elle quitte le dinner, et rejoigne sa boutique. Cela arracha un sourire à la lycanne. Elle ne s’était pas trompée à son sujet. Il n’avait peut-être pas toujours fait les bons choix, ni eu beaucoup de chance dans la vie, mais ce n’était pas un mauvais bougre. Loin de là. « C’est gentil à vous. » Elle lui jeta un regard en biais avant de poursuivre. « Quoi que vous puissiez en penser… vous êtes quelqu’un de bien Hwan. » Sans doute se récrirait-il derechef mais il était important pour elle de le souligner.

Le lycan se leva, puis repris la parole après une brève hésitation. Qui étaient les types dont il avait fait les croquis précédemment ? Lucinda réprima un soupir. Il avait le droit de savoir après tout. « Des lycans de Silvercrest. Le plus jeune des deux est mort. Il ne vous nuira donc pas. Le second… » Elle se mordilla la lèvre inférieure, tentant de maitriser les tremblements de sa voix. « C’est le bras droit de mon père. Il s’appelle Victor. Victor Farmer. » L’implication de ce dernier dans son agression impliquait également d’autres conséquences beaucoup plus… graves. Cela signifiait que Simon avait effectivement leur père de son côté, mais aussi le bras droit de ce dernier… et surtout, cela signifiait que Stephen Trask était très certainement impliqué dans son agression à elle, et que ce n’était peut être pas de la simple initiative de Simon. Et cela, elle devait en parler au plus vite à Eric et aux runners…

« Merci pour tout Hwan. Merci d’avoir accepté de répondre à mes questions. » Elle apposa sur lui un regard reconnaissant. « Faites attention à vous. »



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